In memoriam Dominicus Rohde
1968 – 2022
Un Ami nous a quitté
Mercredi 2 février 2022… c’est la Chandeleur, la festa candelarum des Romains, « fête des chandelles » pour les Chrétiens du monde qui commémorent, 40 jours après Noël, la présentation de Jésus au Temple. C’est en ce jour de fête que j’apprends avec stupeur et tristesse le décès de mon ami Dominicus Rohde.
C’est à Luxembourg, au carrefour de l’Europe, que j’ai croisé la route de Dominicus au début de l’année 2012. Allemand de naissance, éduqué en français, il incarnait cet esprit européen, ancré dans la tradition chrétienne mais ouvert sur le monde. C’est dans la lointaine Argentine qu’il avait trouvé celle avec qui il allait fonder une merveilleuse famille. Père de sept enfants, cet homme charismatique et énergique s’était présenté à moi comme un « entrepreneur de la paix ». De quoi intriguer le jeune homme indécis que j’étais alors. Fraichement diplôme, cherchant alors timidement ma place, tâtonnant entre le monde de la finance et les institutions européennes, je ne me doutais pas que cette rencontre allait être l’une des plus déterminantes de ma vie.
Dans les mois qui suivirent, j’eu l’occasion de revoir Dominicus à plusieurs reprises, découvrant à chaque fois de nouvelles facettes, de nouveau talents. Catholique fervent, européen convaincu, infatigable défenseur des droits de l’homme, c’était un homme de conviction, passionné mais toujours ouvert au questionnement et à la contradiction. Débateur redoutable, il défendait ses idées avec vigueur mais demeurait toujours bienveillant et plein d’humour. Simple dans son élégance, véritable gentleman dans une époque qui en manque cruellement, il avait toujours le temps de saluer chaleureusement les gens qu’il croisait, avec un respect égal, quelle que soit la personne.
C’est cette passion et cette générosité qui m’ont poussé à le rejoindre dans son engagement humanitaire. Fondateur de la Schengen Peace Foundation en 2005, il avait lancé l’année suivante le World Peace Forum, pour rassembler à Luxembourg des personnes de tous horizons et les faire réfléchir et travailler ensemble à la prévention et au règlement des conflits dans le monde. Sous l’impulsion de Dominicus, le World Peace Forum n’a cessé de s’élargir, recevant le soutien et la participation de personnalités prestigieuses telle que de son Altesse impériale et royale l’archiduc Otto de Habsburg-Lorraine. J’ai eu la chance de contribuer à l’organisation de la 7eme édition du World Peace Forum qui s’est tenue en mai 2013 à Schengen et durant lequel le Luxembourg Peace Price fut décerné à l’écrivain algérien Boualem Sansal, pour sa lutte courageuse contre l’extrémisme religieux.
Ces moments privilégiés passés aux cotés de Dominicus ont été déterminants dans ma décision de me consacrer à une carrière humanitaire et c’est riche des conseils et du soutien de Dominicus que j’ai rejoint les Nations Unies à la fin de l’année 2013. Dans les années qui suivirent, le World Peace Forum deviendra mondial, rassemblant des activistes, des intellectuels, des entrepreneurs des Philippines à la Colombie, en passant par la Roumanie, le Brésil, la Jordanie, le Canada et l’Egypte. Une œuvre humaine, et surtout humaniste, remarquable que Dominicus a accompli tout en se lançant dans un projet fou : la fondation de la plus grande plantation de noix de pécan au monde. C’est en Argentine, le pays natal de son épouse, qu’il réalisera ce rêve, patiemment, avec la même foi sereine, avec cette passion communicatrice et cette force tranquille qui inspirait à tous confiance et admiration. Je lui avais promis de lui rendre visite un jour dans son lointain royaume… je ne pourrai malheureusement jamais tenir cette promesse mais j’espère que son travail et sera poursuivi et sa vision respectée.
Un autre grand humaniste européen, Leonard de Vinci, disait : « Comme une journée bien remplie nous donne un bon sommeil, une vie bien vécue nous mène à une mort paisible ». Je veux croire en cela. Car si c’est vrai, Dominicus Rohde aura quitté ce monde de la plus paisible façon qui soit. Le sachant en paix, mes pensées et mes prières vont à sa famille que j’ai eu la chance de rencontrer, son admirable épouse Lia et ses magnifiques enfants, Ignacio, Maria, Tomas, Anna, Sofia, Teresa et Augustin. Qu’ils trouvent du réconfort dans la certitude que Dieu a accueilli Dominicus à bras ouvert, pour un repos bien mérité.
Avec toute mon amitié et ma gratitude à Dominicus Rohde et sa famille.
Antoine Sfeir
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